British Outsider Art

REVIEW

British Outsider Art

Les grandes collections d'art brut britannique

C'est un fil noir, dense, serré, qui se déroule dans un espace si secret, si confiné qu'il est impossible d'en démêler le parcours. Fil de la pensée des artistes « outsiders », c'est-à-dire hors norme, et fil de leur plume, une plume généralement trempée dans l'encre de Chine, avec laquelle ils couchent sur le papier un besoin irrépressible de créer, en réponse au désordre psychique dont ils souffrent. OEuvres singulières et artistes sans formation constituent ce que l'on appelle l'art brut, théorisé par Jean Dubuffet, dont on peut aujourd'hui découvrir la face anglaise à la halle Saint-Pierre, à Paris, avec des pièces jamais exposées en France, issues des collections du plus vieil hôpital psychiatrique britannique.

Les dentelles extraordinaires de Madge Gill (médium, chanteuse, tricoteuse...), qui pratiquait le dessin « spirite » comme une sorte d'écriture automatique, tout comme les incroyables notations de Nick Blinko (chanteur punk, schizo), des pages noircies d'écritures microscopiques, frappent par leur puissance obsessionnelle incroyable. Tandis que les formes amples et naïves de Perifimou (gardien de musée) et les hachures colorées de Scottie Wilson (marginal, vendeur de rue) accrochent l'oeil par leur minutie maniaque, leur énergie maîtrisée. Chaque oeuvre est un fil dans un -labyrinthe, qui vous attrape et ne vous lâche plus.

 

Sophie Cachon
Telerama n° 3045 - 24 mai 2008